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Saidia Bettayeb, artiste visuelle, et Alice Pons, performer et chorégraphe, ont passé une semaine au STAMM pour créer une performance inédite (Hyalin) en vue du vernissage de l'exposition des oeuvres de Saidia à l'Espace d'Art Contemporain (Les Halles).

Hyalin, adj, qui a la transparence du verre.

Alice me parle du processus de création qu'elles ont vécu au STAMM :« En une semaine, on a construit des châteaux de cartes qui se sont lamentablement écroulés, on a fait rouler nos balles sans jamais abandonner, on a collecté toutes les vieilles ampoules du Jura, on les a fait tourner, empiler, déplacer. On a tout mis sans dessus dessous, on a inventé un nouveau jeu de pétanque, de billard, de flipper, on a changé d'avis 10 fois dans la même journée, on a tout recommencé et finalement, la performance est née. »

Mais pour en comprendre plus sur cette performance, il faut revenir un peu en arrière. Alice et Saidia se sont connues au lycée et sont devenues amies quand, toutes deux, elles travaillaient à Disneyland où elles présentaient un spectacle de hoola-hoop avant de poursuivre leur route : Saidia aux Beaux-Arts de Paris et Alice à la School for New Dance Development (SNDO) à Amsterdam.

Lors d'une première rencontre entre l'EAC (les halles) et le STAMM, nous avons discuté du portfolio de Saidia, séduit par ce petit côté de paillettes qui transparaît de son influence burlesque. Nous y entrovoyions aussi la possibilité d'une collaboration inter-disciplinaire, que le STAMM cherche à favoriser. Et assez naturellement, Alice a rejoint le projet.

Sur la base de discussions avec Alice, Saidia a préparé l'exposition qu'elle a intitulée Si ce qui vous est proche est lointain, et les deux artistes ont continué leurs discussions avant de concrétiser leurs idées de performance lors de leur résidence au STAMM.

Saidia, sans mystère, nous décrit une partie de la pièce: « Nous intervenons dans l'espace d'exposition en disposant très progressivement des ampoules au sol, de manière à délimiter un espace rectangulaire le long des murs de la galerie. Le dépôt de l'objet fragile, porteur d'une incandescence évanouie, se fait dans un état de conscience toute particulière, à la fois méticuleux et pratique. Il s'agit presque de dévotion, l'action éclipsant tout autre nécessité que celle d'être accomplie. Le placement de l'objet en verre oblige des allées et venues dans l'espace d'exposition, créant une trajectoire déterminée par la progression des ampoules au sol. En résulte un effet cristallin, lumineux, comme ces rangées d'ampoules qui encadrent les scènes de théâtre et les miroirs dans les loges d'artistes.

Comme pour la résidence collide@cern, je leur ai demandé le lien qu'elles faisaient entre ce projet-là et leur travail d'artiste en général.

Pour Alice, le contexte de ce travail diffère de ce dont elle a l'habitude : « Je n'ai jamais auparavant créé une performance en relation avec une exposition, et je travaille aussi assez rarement dans des galeries », nous dit-elle. Pourtant, elle se retrouve dans les thèmes de la performance en citant un rapport au temps étendu et méditatif et une approche particulière de la poésie.

Saidia, quant à elle, souligne la relation existant entre cette performance et l'exposition qui, toutes deux, partagent ce qui la fascine.  Elle évoque la translucidité, l'opposition des matière, les notions d'apparition et d'illusoire qu'elle  qu'elle invoque à travers le choix des sources de travail qui alimentent sa pratique picturale. Ces thèmes se retrouvent dans son travail en général, s'inscrivant ainsi dans une continuité. Elle nous précise encore qu'elle a une pratique de performance dans son travail, bien que cela se réfère toujours à la peinture et ses différentes formes.

 Thibault Maillard