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collide@cern au stamm

COLLIDE@CERN est un programme de résidence qui permet à des artistes de toutes disciplines de travailler avec des scientifiques du CERN (Conseil européen pour la Recherche nucléaire ) dans leurs bâtiments à Genève. Vincent Hänni (musicien) et Rudy Decelière (plasticien du son) ont été sélectionnés pour en faire partie. Ils ont rencontré une dizaine de scientifiques avant d'approfondir un projet avec Robert Kieffer (instrumentaliste) et Diego Blas (théoricien en cosmologie). N'ayant pas terminé leur projet à la fin des 3 mois de résidence, ils ont décidé de poursuivre leurs recherches jusqu'à réaliser une oeuvre accessible au public.

Alors que je leur demande une petite description, Vincent, Rudy et Robert (Diego n'étant pas présent lors de notre discussion) poussent un petit soupir. Rudy me répond ensuite, comme une explication, que même s'ils sont d'accord sur la matière concrète, ils ont tous une façon personnelle d'interpréter le projet. Les artistes ont déjà changé plusieurs fois de direction lors de la première période de travail. La première proposition était un peu comme un fantasme mais qui n'a pas trouvé d'accroche dans les discussions avec les scientifiques, affirme Rudy.

En bref, il s'agit de créer un « réseau d'éléments sonores et indépendants », un « réseau qui fonctionne tout seul, sans le contrôle d'un ordinateur central ». L'installation s'inspire des phénomènes de la physique des particules mais sans en devenir une illustration. Elle multipliera les sources et les producteurs de son - des mini ordinateurs couplés à des mini haut-parleurs - pour créer une « discussion  de pixels sonores »  avec des mélodies qui s'entrecroisent et se répondent. C'est une question d'échelle, précise Vincent, comme les nuages de gaz dans l'espace : de tout près, on observe une particule, de plus loin, le nuage apparaît.

Si on les interroge sur le lien entre ce projet particulier et leur travail en général, leurs réponses divergent :

Pour Rudy, c'est une expérience très différente parce qu'il est plutôt habitué à travailler seul. Cela reste dans la lignée de son travail mais grâce aux capacités techniques apportées par les techniciens du CERN, cette collaboration lui permet de réaliser une oeuvre différente.

Tandis que pour Vincent, c'est autre chose. Il travaille moins dans l'abstrait, sans ce niveau de compréhension du matériel et de l'architecture du système, m'avoue-t-il. « Si je pète une corde, je la remplace. » Toutefois, il apprécie observer la logique des scientifiques face aux problèmes techniques rencontrés.

Finalement et à ma surprise, pour Robert, en vacances lors de cette semaine passée STAMM, ce travail diffère peu de ses activités au CERN. Certes, le sujet change mais en pratique, c'est assez similaire. « Dans ma vie, je travaille tout le temps, » me dit-il. « Je ne fais pas trop de différence entre un projet perso et un projet pro, à part les horaires. » Pour lui, le son, c'est aussi de la physique, il n'y a pas vraiment de différence entre l'étude de la propagation d'un son dans un espace et l'étude des particules.

Et de conclure : « Le plus important, c'est de faire la sieste, d'y prendre des idées et les réaliser l'après-midi. » A bon entendeur !

Thibault Maillard